La viande hallal existe-t-elle ?
La loi musulmane prescrit de consommer une viande dite hallal. Mais comment s’ assurer qu’ une viande est bien hallal quand celle-ci n’ est pas clairement définie par les religieux et qu’ elle n’ implique pas forcément un traitement islamique ?
Les modalités de l’ égorgement rituel, qui n’ est pas assimilé à un sacrifice, ne […]
La loi musulmane prescrit de consommer une viande dite hallal. Mais comment s’ assurer qu’ une viande est bien hallal quand celle-ci n’ est pas clairement définie par les religieux et qu’ elle n’ implique pas forcément un traitement islamique ?
Les modalités de l’ égorgement rituel, qui n’ est pas assimilé à un sacrifice, ne sont pas strictes. Le musulman doit en principe invoquer le nom de Dieu et orienter le cou de l’ animal vers la Mecque. S’ il y a omission mais qu’ elle n’ est pas volontaire, la viande reste consommable. Un verset coranique rappelle aux musulmans que « la nourriture de ceux auxquels le Livre a été donné vous est permise (ou licite), et votre nourriture leur est permise ». Il suffirait ainsi de tuer au nom de Dieu unique : la nourriture des chrétiens et des juifs serait donc susceptible d’ être elle aussi halal. Le débat se déplace ainsi sur l’ identité confessionnelle de l’ égorgeur, sur la confiance qu’ on peut lui accorder, sur les règles d’ échange et de partage de la nourriture, etc.
Florence Bergeraud-Blackler montre que, dans les boucheries arabes, la marge d’ interprétation est déterminante dans le choix de la viande halal. Les critères de la couleur et (a posteriori) du goût peuvent aussi intervenir. Ils rappellent l’ acte fondateur de l’ égorgement. La viande rouge et grasse évoquerait une viande non égorgée, ayant conservé son sang, tandis que la couleur claire, associé à la viande saignée, serait un indice de conformité rituelle, mais aussi de fraîcheur et de jeunesse (animaux jeunes consommant moins de nourritures fourragères).
Quoi qu’ il en soit, la conformité rituelle de la viande peut toujours être mise en doute et en dernier ressort l’ Islam renvoie au principe de responsabilité individuelle. Au final, c’ est la personnalité et la réputation morale du boucher à qui l’ on achète la viande semble prévaloir.
Plus que des prescriptions rituelles, ce sont les conditions de l’ échange, fondées sur le sens de l’ honneur, qui font la viande halal « halal veux dire permis ou licite, alors que cacher signifie conforme. Ce qui est conforme l’ est par rapport à une norme, ce qui est permis l’ est par rapport à un interdit ». Tandis qu’ une organisation est garante de la cacherout, la norme israélite, c’ est essentiellement par le détour d’ une construction sociale que s’ instaure, pour les musulmans, le caractère halal d’ une viande.
Inscription Newsletter